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La Note de position du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) contribue à matérialiser leur engagement à la réussite du Forum et assurer une bonne prise en charge des préoccupations des acteurs ruraux sur la gestion de l’eau et de l’assainissement. Elle est issue d’un atelier de partage et de mobilisation des acteurs ruraux au Forum que le CNCR a organisé en partenariat avec le Secrétariat Exécutif du 9ème Forum Mondial de l’eau et avec l’appui de la Fondation Peace NEXUS, le 23 février 2022 à Thiès, au siège de la FONGS. L’atelier a réuni une soixantaine d’acteurs ruraux composés de leaders paysans, agriculteurs, éleveurs et pêcheurs venus des six (6) zones agro écologiques du Sénégal, à savoir Dakar, le bassin arachidier, la vallée du Fleuve Sénégal, le Sénégal oriental, les Niayes et la Casamance. Cette note de position est élaborée dans le cadre de la contribution des ruraux à la préparation et la tenue du 9ème Forum Mondial de l’eau qui se tiendra à Dakar du 21 au 26 mars 2022. Elle contribue à matérialiser l’engagement du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) à la réussite du Forum et assurer une bonne prise en charge des préoccupations des acteurs ruraux sur la gestion de l’eau et de l’assainissement. Nous saluons la place accordée aux ruraux sur les sessions du 9ème Forum mondial de l’eau, à travers le thème stratégique « eau et développement rural ». Nous saluons également l’implication des acteurs ruraux dans la préparation du Forum par le Secrétariat Exécutif du Forum à travers le CNCR. Nous affirmons notre engagement à apporter notre contribution dans la tenue et après le Forum de l’eau pour que les préoccupations des ruraux fassent l’objet de l’attention qu’elle mérite pour toutes les raisons ci-dessous L’eau au Sénégal, des enjeux et défis pour les ruraux Considérant qu’aussi bien la Constitution, le Plan Sénégal Emergent (PSE), La Lettre de Politique Sectorielle de Développement (2016-2025) du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ont tous formulé des orientations juridiques et institutionnelles favorables à l’accès et à la qualité de l’eau. Constatant qu’en dépit des différents efforts déployés par le Gouvernement du Sénégal, les contraintes concernant l’accès et la gestion de l’eau pour les producteurs restent considérables et les tensions ou conflits y afférents restent encore des défis à relever pour rendre l’eau accessible à temps, en lieu voulu et à des coûts supportables. Constatant que la gestion de l’eau est aujourd’hui caractérisée par : – L’ineffectivité de l’application de la législation et des outils sur la gouvernance de l’eau ; – La faible prise en compte de la GIRE dans les instruments politiques et juridiques sur l’eau ; – Des tentatives de réformes qui ne tiennent pas compte des réelles préoccupations des ruraux ; – La faible implication des usagers dans l’élaboration des politiques et la gestion de l’eau ; – L’inexistence de cadres fonctionnels de dialogue pour les différents acteurs ; – L’insuffisance des moyens de gestion des ressources en eau ; – La faible capacité de mobilisation des ressources financières pour la gestion des ressources en eau ; – La mauvaise méthode d’irrigation et de drainage ; – L’envahissement du typha (vallée du fleuve Sénégal) ; – Les difficultés de maintenance des ouvrages ; – La recrudescence des conflits liés aux différents usages de la ressource ; – Etc. Nous réjouissant fortement de la tenue du Forum Mondial de l’eau au Sénégal dans ce contexte national de recherches de solutions. Nous apportons notre contribution sur les groupes d’actions liées à la priorité « Eau et développement rural » pour alimenter les 22 sessions qui vont se tenir pendant le Forum. Assurer l’accès universel à l’eau (dans les zones rurales) Partant de l’article 25 alinéa 1 de la constitution qui stipule que « Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie ». Nous réjouissant du fait que dans le Plan Sénégal Emergent (PSE) de 2014, il est attendu que des propositions soient formulées pour « un meilleur équilibre dans l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, entre le milieu rural et le milieu urbain ». Nous formulons les recommandations suivantes pour une matérialisation effective de cette vision :. – Appliquer une politique équitable dans la gestion et la distribution de l’eau entre les terroirs ; – Mettre en place un cadre participatif et inclusif pour la gestion de l’eau potable en milieu rural et une reconnaissance juridique de ses acteurs ; – Mettre en place des bassins de rétention ; – Développer un programme de revitalisation des marres ; – Développer un système de captage des eaux de pluies par la réalisation notamment de citernes ; – Harmonisation des actions des services techniques, la société civile et les Organisations de communautés de base (OCB) ; – Mettre en place une base de données accessible et réactualisée périodiquement ; – Mettre en place des équipements adaptés avec l’aide des NTIC ; – Mettre en place une démarche participative inclusive et une identification de tous acteurs ; – Prendre en compte le genre dans la distribution de l’eau. Sur la question du genre : L’accès aux ressources en eau pour l’irrigation est généralement inéquitable au détriment des femmes à l’image de l’accès aux terres agricoles du fait de l’imbrication entre les deux types de ressources. Bien que le Code de l’eau ne fasse aucune distinction entre les différentes catégories concernant l’accès aux ressources en eau, l’article 15 de la loi n° 2008-59 du 24 septembre 2008 portant organisation du service public de l’eau potable et de l’assainissement collectif des eaux usées domestiques exprime clairement l’égalité des usagers « tout : (…) délégataire du service public est tenu à tous égards à une stricte égalité de traitement des usagers ». Quant à l’article 54 de la LOASP, il est plus précis sur cette question : « L’Etat assure la parité des droits des femmes et des hommes en milieu rural (…). Cette disposition concerne l’accès à toutes les ressources naturelles ». Aujourd’hui, des mesures opérationnelles doivent être prises afin que ces dispositions législatives soient bien appliquées. Le CNCR compte mobiliser son collège des femmes afin de mener le plaidoyer auprès des différentes catégories d’acteurs concernés. Assurer l’accès universel à l’assainissement et à l’hygiène dans les zones rurales Pour nous ruraux, pour parvenir à un accès universel à l’assainissement et à l’hygiène enzones rurales, il faut : – Réformer la politique nationale d’assainissement pour qu’elle prenne en compte les réalités locales en intégrant le savoir-faire et le réel besoin des communautés ; – Réformer la gestion de l’hygiène et de l’assainissement en créant des entités associant les populations locales concernées ; – Opérationnaliser les mécanismes locaux inclusifs de gouvernance prévus en matière d’assainissement et d’hygiène dans les stratégies nationales (villes et milieu rural) ; – Déléguer la gestion de l’assainissement aux chefs de villages (chefs de quartier), de les conseiller et mettre des moyens adéquats à leurs dispositions ; – Traduire les textes en matière d’assainissement et d’hygiène dans les langues locales et sensibiliser les populations avec l’appui des radios communautaires rurales et de proximité ; – Renforcer les capacités financières et techniques des communes en matière d’assainissement et d’hygiène ; – Renforcer la communication et la formation des acteurs ruraux sur l’assainissement et l’hygiène ; – Valoriser les eaux usées et déchets solides à travers les nouvelles technologies pour un usage dans les activités agro-sylvo-pastorales et halieutiques (biogaz, charbon, engrais, etc.). Fournir des installations publiques d’eau, d’assainissement et d’hygiène (écoles, établissements de santé, etc.) Pour nous les ruraux, il faut : – Mettre des stratégies pour assurer l’hygiène dans les structures publiques et les lieux publics ; – Mettre en place des programmes sociaux d’assainissement (systèmes villageois d’assainissement) dans les écoles, marchés, marchés hebdomadaires (loumas) ; – Développer des programmes « wash » pour les marchés ruraux (loumas), les écoles, y compris les écoles coraniques (daras) ; – Mettre à l’échelle les programmes « badieunou gokh » pour le sous-secteur de l’assainissement – Créer des cadres d’échange, de sensibilisation et de plaidoyer ; – Prendre en compte les spécificités au niveau des populations (genre, vulnérabilité et les personnes vivant avec un handicap, etc.) ; – Valoriser les eaux usées et déchets solides à travers les nouvelles technologies pour un usage dans les activités agro-sylvo-pastorales et halieutiques (biogaz, charbon, engrais, etc.) ; Assurer des pratiques agricoles durables, y compris la productivité et l’efficacité de l’eau, la réduction de la pollution diffuse et la diminution des pertes alimentaires Pour nous les ruraux, l’Etat et ses partenaires au développement doivent : – Appliquer rigoureusement les dispositions des codes de l’eau et forestier pour éviter la déforestation et l’exploitation irrationnelle de l’eau ; – Encourager des systèmes d’irrigation de résilience plus économe en eau ; – Mieux gérer les sols pour y accroitre les capacités de rétention en eau notamment en massifiant l’agriculture de conservation ; – Restaurer les terres dégradées, lutter contre le sel et l’ensablement – Encourager l’agroforesterie et les techniques de régénération naturelle – Favoriser la construction de citernes pour le captage des eaux de pluies ; – Mettre en place des systèmes d’irrigation adaptées ; – Installer des forages et des étangs pour élevage de poisson d’eau douce ; – Renforcer les capacités techniques des équipes d’encadrement (matériaux, leur personnel etc.) – Favoriser des méthodes de drainage et d’irrigation efficientes pour une utilisation optimale de la ressource ; – Assurer la maitrise des eaux de ruissellement par la mise en place des bassins de rétention et assurer leur bonne gestion ; – Se référer aux prescriptions de F. Thomas c’est-à-dire tirer profit de l’eau lorsqu’elle est abondante pour augmenter la production végétale et ainsi nourrir l’écosystème et améliorer les sols, leur fertilité et leur capacité à retenir l’eau pour l’utiliser lorsque celle-ci fait défaut. – Encourager les pratiques agro écologiques en augmentant la subvention de l’engrais bio et l’aligner à la subvention faite sur l’engrais chimique ; – Favoriser l’utilisation des spéculations adaptées au changement climatique ; – Favoriser les pratiques de systèmes d’irrigation adaptés. – Favoriser la gestion de l’eau par le digital ; – Promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables ; – Evaluer le potentiel hydraulique dans la couche géologique du maestrichtien ; – Renforcer les capacités des acteurs ruraux sur les enjeux liés à l’eau ; – Mieux faire comprendre les régimes fonciers des terres et des eaux – Sensibiliser les acteurs sur la nécessité de mener des activités de reboisements – Incitation des populations à la citoyenneté dans la gestion de l’eau pour que ce soit efficiente – Mettre en place un cadre de concertation de tous les acteurs concernés à l’échelle locale (éco-village) ; – Encourager l’élaboration de conventions locales pour une gestion concertée de la ressource – Respecter la vocation des zones, tenir compte de l’hydraulique pastorale dans la gestion de l’eau en appliquant notamment rigoureusement les outils : Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols (POAS), Charte du domaine irrigué (CDI), etc. Engager et habiliter les communautés rurales à être les moteurs du développement socio- économique par le biais de l’eau (2E) Pour nous les ruraux, pour parvenir à cet objectif, il faut : types d’usage (organe de régulation et de supervision) ; – Renforcer les capacités des communautés rurales à pouvoir gérer et exploiter durablement la ressource ; – Favoriser une réglementation de proximité (participative et inclusive) sur l’usage de l’eau ; – Favoriser une gestion communautaire de l’eau à l’exemple des Associations d’Usagers de Forages Ruraux (ASUFOR) ; En conclusion le CNCR, en tant qu’organisation paysanne, s’engage à ne ménager aucun effort pour la réussite de ce 9ème Forum Mondial de l’eau et souhaite partager, apprendre et collaborer avec les divers acteurs (nationaux, régionaux et internationaux) pour la prise en compte des intérêts des acteurs ruraux dans les problématiques de l’eau et de l’assainissement. Le CNCR est prêt à contribuer à l’animation scientifique du Forum en ce qui concerne notamment les sessions relatives à la priorité « eau et développement rural » et à travailler sur le suivi des recommandations après ce 9ème Forum. – Encourager un processus de responsabilisation des femmes dans l’irrigation et faciliter leur accès au foncier ; – Favoriser l’accès aux technologies et innovations en matière de gestion et rationalisation de l’eau (détection et usage) ; – Renforcer les équipements et installer des infrastructures adaptées en fonction des opportunités et des besoins (étude, diagnostic) ; – Rationaliser l’utilisation de l’eau (équipements appropriés) ; – Favoriser les compensations entre industriels et Exploitations familiales ; – Identifier des systèmes d’irrigation moins pénibles et adaptés ; – Evaluer périodiquement le niveau de la nappe phréatique; – Renforcer et vulgariser les systèmes de récupération des eaux usées pluviales, désalinisation et leur réutilisation. Harmoniser le clivage rural-urbain pour freiner l’immigration . Pour nous les ruraux : – Tel que formulé dans la lettre de politique sectorielle, l’Etat doit améliorer l’accès à l’eau potable des populations en milieux urbain et rural, à travers : « la construction et la réhabilitation de forages et d’ouvrages de stockage et de fourniture d’eau en milieux rural et périurbain, ainsi que la qualité de l’eau, particulièrement dans les régions du Centre, la généralisation de l’accès et le renforcement de la fourniture d’eau potable en milieu urbain » ; – En outre, l’Etat doit faire le maillage des zones arides en équipements de stockage d’eau mais surtout les équiper en matériels d’exhaures et d’irrigation avec des énergies renouvelables (exemple le solaire) des subventions importantes sous forme de détaxe ou autres mécanismes qui rendent un accès facile ; – Avec le changement climatique, l’irrigation devient une des solutions d’adaptation et un facteur de durabilité, de maintien de l’agriculture, presque seule source de revenus dans le monde rural ; – Aménager des puits et de nouveaux périmètres irrigués ; Mettre à niveau les infrastructures rurales.

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