Papi Bernard ! Papi Bernard ! Je sais que tu ne répondras pas. Tu ne répondras même plus. En effet, ce dimanche 7 Août 2022, tu as choisi de pousser ton dernier souffle et d’effectuer ton voyage sans retour dans l’au-delà.Longtemps sous oxygène, il n’a pas pu se détourner du scandale métaphysique de l’Homme né pour mourir !Au juste, qui était Bernard LECOMTE que beaucoup d’acteurs du développement rural pleurent aujourd’hui ?Chimiste français certainement promu à une belle carrière dans le secteur de la pétrochimie et de l’agro-chimie françaises qui ont connu leur âge d’or dans les années 50, 60 et 70, il a fait le choix noble de l’appui des dynamiques paysannes africaines.En étant son confident d’un week-end de Janvier 2013 dans son domicile à Bonneville, une bourgade de France située à une vingtaine de kilomètres de Génève (Suisse), j’appris que son amour pour le monde rural africain se confond même à son amour pour sa tendre épouse Renée rencontrée à Dakar au Sénégal. Saluons de passage, l’engagement de Renée pour les causes paysannes, jadis agent du fisc français, elle aussi a fait l’option courageuse d’accompagner son mari dans ses aventures de valorisation des expériences paysannes africaines. Cet amour pour la ruralité africaine est demeuré vivace en transcendant la naissance de son fils, mon ami Benoit Lecomte, à Madasgar au début des années 60 pour traverser les belles périodes de succès de nombreuses organisations paysannes et rurales d’Afrique.Observateur, animateur, activeur et ‘‘capitalisateur’’ du mouvement paysan ouest-africain, Bernard LECOMTE n’a ménagé aucun effort aux côtés de partenaires techniques et financiers du Nord comme l’IRAM et la Coopération Suisse, pour soutenir des expériences assorties de « succes stories ». On se souviendra sans doute de l’appui à l’Entente de Bamba Thialème et de ENDA-Tiers Monde du Sénégal , du CESAO, des Groupements Naam au Burkina Faso. Après de longues années de contribution à l’auto-promotion paysanne, Bernard LECOMTE, mettra en place le Groupe de Réalisation et d’Accompagnement pour le Développement (GRAD). Les principales stratégies adoptées par le GRAD pour l’épanouissement de l’homme rural sont l’édition de livres traitant d’expériences personnelles et institutionnelles du monde rural africain, la réalisation de productions audio-visuelles sur l’histoire et les trajectoires des différentes structures d’autopromotion paysannes et de nombreuses concertations en vue de structurer et de faire entendre le discours paysan.Bernard était simplement humain et hospitalier. Dans sa maison de Bonneville, du beau monde africain de passage surtout à Génève, trouvaient gîtes et couverts. Le burkinabè Bernard Ledea OUEDRAOGO (fondateur de la Fédération Nationale des Groupements Naam), la burkinabè Joséphine OUEDRAOGO (ministre burkinabè sous la Révolution et sous la Transition de 2014-2015), le burkinabè Damiba Youlouka (communicant, cinéaste et militant altermondialiste), le burkinabè Omar De Mikinam Ouedraogo (communicant agricole burkinabè et consultant en communication pour le développement et en politiques publiques), le sénégalais Mamadou CISSOKHO (président d’honneur du ROPPA), le sénégalais Cheik Hamidou KANE (écrivain et ancien ministre sénégalais) : tous se faisaient du plaisir à répondre présents, au rendez-vous du « donner » et du « recevoir » auprès d’un proche de Michel ROCARD. Oui ! Proche de l’ancien Premier ministre français Michel ROCARD, Bernard s’est toujours éloigné du monde intriguant de la politique politicienne pour mieux s’employer et se déployer dans le monde plaisant de la politique du développement.Le combat de Bernard n’a pas seulement profité aux exploitations familiales africaines. Ce combat était aussi en faveur des éleveurs montagnards de la Savoie, jugés parents pauvres de la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne. Bernard ! Tu as vécu utile également pour la paysannerie européenne !Ayant existé dans la logique de Vauvenargues qui disait que « pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si l’on ne devait jamais mourir », le mortel Bernard LECOMPTE est parti en nous murmurant via son fils Benoit, de poursuivre son combat pour le bien être paysan et pour un autre monde possible.Bernard ! Saches qu’avec ton épouse, tes enfants et bien d’autres africains qui ont été solidaires de ton combat, nous prierons pour le repos de ton âme. Bien plus, nous entretiendrons haut, le flambeau pour que rayonnent l’autopromotion paysanne et la justice sociale dans un monde que tu as toujours souhaité plus radieux.Agropasteur /Babaclimat