L’agroécologie a un visage féminin.estime Mme Leonida Odongo qui impressionne par ses connaissances de la réalité des agriculteurs . La majorité des personnes qui cultivent la terre et conservent les semences sont des femmes, qui ont des relations et des connaissances importantes pour l’agroécologie.À travers cet entretien réalisé par Par Leonardo van den Berg et Janneke Bruilt dans Agridape de l’iED Mme Leonida Odongo revient sur ce que doit etre le rôle des femmes et du féminisme dans les initiatives ’agroécologiques .. Malheureusement, lorsque vous vous rendez dans un ménage africain, vous constatez que ce sont les hommes qui contrôlent la terre, le bétail et les plantations de café ou de thé. Ces cultures sont considérées comme des cultures « masculines », alors que les femmes contrôlent les cultures qui ne rapportent pas d’argent au ménage mais sont principalement destinées à la subsistance. Pourtant, et c’est ça l’ironie, ce sont les femmes qui récoltent le thé et le café et l’apportent aux meuniers à des fins de transformation, mais lorsque le paiement arrive, ce sont les hommes qui en assurent le contrôle. Dans certains cas, lorsque les agriculteurs reçoivent des primes ou lorsque les prix des produits de base sur le marché augmentent, les hommes ont tendance à déserter la maison pour aller tout dépenser dans la ville la plus proche. C’est pourquoi il est important d’entamer un dialogue sur la production alimentaire et sur la question de savoir qui contrôle les ressources.Les dialogues communautaires permettent aux femmes de disposer d’espaces sûrs où elles se font entendre et expriment leurs préoccupations. Ces plateformes offrent également aux femmes la possibilité de reconnaître leur importance en tant que femmes, non seulement en termes de reproduction mais aussi de production. Elles permettent aux femmes d’avoir accès à des opportunités d’interaction et d’aborder des questions telles que la violence conjugale, la reproduction, la santé et l’éducation ou d’autres questions concernant leurs enfants.Le patriarcat est très ancré dans la culture africaine et il faut du temps pour voir un changement. Dans les communautés, nous tenons des discussions sur les rôles des hommes et des femmes dans la production alimentaire et le travail général à l’exploitation agricole et au sein du ménage. Les questions que nous posons sont les suivantes : Pourquoi cela se produit-il ? Quelle est la contribution économique de chaque personne dans le ménage ? Pourquoi devons-nous changer ? Ces plateformes permettent aux femmes d’aborder directement avec les hommes les raisons pour lesquelles le patriarcat nuit à la production alimentaire. Cette auto-analyse est le début de l’évolution des rôles des hommes et des femmes. Nous constatons que les hommes avec lesquels nous avons travaillé changent dans leur façon d’interagir avec les femmes. Mais il reste beaucoup à faire, non seulement au Kenya mais aussi dans toute l’Afrique.Compte tenu de tout ce qui se passe, qu’est-ce qui vous donne le plus d’espoir pour l’avenir ?Ce qui me donne de l’espoir, c’est que l’avenir sera agroécologique ou ne sera pas. Les nombreux problèmes qui apparaissent aujourd’hui, y compris de nouveaux pathogènes tels que la Covid-19, sont liés à la destruction des écosystèmes. Un tel constat constitue un argument de poids en faveur de l’agroécologie.En outre, la création de plus d’espaces pour permettre aux femmes de participer à la prise de décision et la grande capacité d’organisation des femmes viennent renforcer cette dynamique. Afin de changer les mentalités de manière plus structurelle, les réseaux de femmes qui font progresser le leadership des femmes rurales doivent être renforcés. Et nous constatons qu’ils sont de plus en plus nombreux. Grâce aux dialogues, nous avons pu créer un réseau de plus de 300 femmes dans l’est du Kenya qui travaillent sur les questions d’agroécologie. La campagne « Nous sommes la solution », menée par des femmes en Afrique de l’Ouest, est un autre exemple de réseau solide dirigé par des femmes qui encourage la voix des femmes dans les processus politiques relatifs à l’agriculture familiale. Et en Afrique australe, il existe une assemblée des femmes rurales Nous constatons que les femmes se connectent entre elles plus rapidement que les hommes ; elles ont tendance à partager plus facilement. Elles disposent de plus d’espaces d’interaction, non seulement dans le cadre de l’agriculture mais aussi sur le marché et dans d’autres lieux. Bien sûr, l’interaction avec les hommes est également importante. Vous ne pouvez pas résoudre les problèmes liés au patriarcat si vous n’incluez pas les hommes. Mais quand les femmes se réunissent, elles apprennent les unes des autres et grandissent ensemble. Nous savons que les femmes organisées sont audacieuses, résilientes et capables de changer la donneBabacar sene journal agropasteur