La stratégie régionale lait visant une « Afrique de l’Ouest qui émerge parmi les bassins laitiers du continent africain et accroît progressivement sa contribution aux échanges régionaux de produits laitiers d’origine communautaire » peine toujours à être financée par la CEDEAO et ses États membres, informe le Communiqué de presse reçu à la rédaction
À l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale du Lait, des organisations de producteurs et productrices de la filière lait local issues des quinze (15 pays de la CEDEAO, accompagnées de la Plateforme Régionale Multi acteurs d’appui à la promotion du lait local en Afrique de l’Ouest et au Sahel, elle-même composée d’organisations paysannes régionales, de consommateurs, de chercheurs, d’ONG, de transformateurs (mini- laiteries et industries locales) associent leurs voix pour demander aux chefs d’États des pays membres de la CEDEAO de financer les Plans d’action nationaux lait. Ces plans découlent de la Stratégie Régionale de l’Offensive Lait et visent à booster le potentiel de la filière lait local dont dépendent la survie de plus de 48 millions de producteurs et productrices et la création de milliers d’emplois au profit des jeunes et des femmes dans la région , poursuit le Communiqué..Depuis plusieurs années, le marché laitier ouest africain est envahi par des importations de lait en poudre ré-engraissé avec de la matière grasse végétale (MGV), notamment l’huile de palme, et qui est vendu jusqu’à 30, voire 50% moins cher que le lait produit localement précise le communiqué. Les agroindustriels européens profitent du faible niveau de protection tarifaire douanière (5%) qui affaibli leurs concurrents potentiels locaux pour envahir les marchés domestiques. Cette situation incite les unités de transformation locales à utiliser le lait en poudre importé au détriment de la santé des consommateurs, de l’environnement et de la survie de millions de petites productrices et petits producteurs. « Cette concurrence déloyale limite les efforts des acteurs publics, des acteurs du privé et des Organisations Paysannes visant le développement de la filière lait local et menace les métiers et les revenus de milliers de productrices et producteurs de lait en Afrique qui sont déjà affaiblis par la crise sécuritaire, les effets des changements climatiques et de la guerre en Ukraine » déplore Nour al-ayatt Ouédraogo, Président de l’Interprofession lait du Burkina Faso informe le Communiqué de presse ..À la suite de la validation par la CEDEAO de la stratégie régionale de l’offensive lait et de son premier Programme Prioritaire d’Investissements (PPI), les 15 pays de la CEDEAO ont entamé un processus bien soutenu et inclusif qui a abouti à l’élaboration des plans d’actions nationaux lait proposant des actions concrètes de promotion de la filière lait local dans chaque pays. Cependant, le financement de ces plans d’actions reste encore au second plan pour l’ensemble des États membres bien que la problématique du développement de la filière laitière ouest africaine soit clairement établie et les solutions bien spécifiées dans le cadre de l’Offensive Régionale Lait dont les instruments stratégiques (stratégie régionale) et opérationnel (programme prioritaire d’investissement) ont été dûment validés. Cette belle initiative peine à être financée malgré les prémisses qui ont été observées avec des programmes/projets en cours dont le montant représente seulement 1,2% 1du budgetde l’offensive régionale lait.Nous rappelons qu’au Sénégal, le plan d’action lait prévoit à l’horizon 2025 une production additionnelle de 132,3 millions de litres de lait frais local, faisant passer la production nationale de lait de 264,6 millions à 396,9 millions de litres. L’augmentation de la part du lait issu du cheptel local dans le volume global de lait traité par les différentes catégories d’industries laitières passera à au moins 20%. Tout ceci créera 35 000 emplois principalement pour les femmes et les jeunes.Au Mali, le plan prévoit la hausse de la production laitière et du niveau de collecte du lait cru local de 50% permettant une hausse de la consommation du lait local, un environnement fiscal favorable à la promotion des chaines de valeurs lait local, la création de nouveaux emplois à travers le développement des différents maillons de la chaine de valeur lait et une meilleure gouvernance globale de la chaine de valeur « lait local » pour renforcer sa compétitivité.Il est également prévu des mesures d’accompagnement pour aider les producteurs à faire face aux changements climatiques et sauver le lait local au Burkina Faso, au Niger, au Mali et au Sénégal.« Nous organisations membres du comité de pilotage de la plateforme régionale d’appui à la promotion du lait local en Afrique de l’Ouest et au Sahel (APESS, ROPPA, RBM, CORET, AFAO, Laiterie du Berger, Oxfam) attendons de la CEDEAO et de ses États membres, des mesures rapides et efficaces pour le financement et la mise en œuvre du Programme Prioritaire d’Investissements pour la promotion des chaînes de valeur du lait local à travers les plans d’actions nationaux lait élaborés par l’ensemble des pays ; des millions de personnes sont concernées ».