L’Afrique de l’Ouest continue d’être confrontée aux multiples crises et conjonctures persistantes ou émergeantes (environnementales, climatiques, économiques, sécuritaires, sociales, tensions géopolitiques, etc.) qui affectent négativement les capacités et la résilience des exploitations agricoles et les systèmes alimentaires dans leur ensemble au niveau des différents territoires. Ces crises engendrent des pressions sur les ressources naturelles partagées et des conflits liés à leur exploitation. Elles se traduisent par une faible évolution et contrastée de la productivité et de la production ASPH. Ainsi on assiste au fil des années une précarité et une incertitude grandissantes des activités agrosylvopastorales et halieutiques (ASPH).
Cette situation maintient dans de nombreux pays ou localités de la région, des populations confrontées à une pauvreté, à une insécurité alimentaire et nutritionnelle, au chômage massif des jeunes, à des problèmes de santé et autres conjonctures dévastatrices.
Le rapport régional 2024 du CILSS sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN) en Afrique de l’Ouest et au Sahel, indique un accroissement du nombre de personnes en insécurité alimentaire d’environ 40,1 millions entre 2023 et 2024.
Ces crises affectent ainsi progressivement le tissu social et économique des communautés et le développement durable dans la région. Les tensions géopolitiques au niveau global et au niveau régional de ces deux dernières années contribuent à exacerber ces crises et leurs effets.
Pour renverser la tendance actuelle des limites et faiblesses de ce modèle d’intensification ASPH, les communautés locales, les exploitations familiales (EF), et leurs organisations paysannes (OP/OSC) ont développé au fil des années des alternatives d’intensification du secteur ASPH, à travers des Pratiques Agricoles Résilientes (PAR), basées sur les principes de l’AE (agroécologie), de l’OA (agriculture biologique) et de l’AIC (Agriculture intelligente face au climat).
Ces PAR, sont de plus en plus validées par les institutions de recherche et les structures publiques en charge du développement du secteur ASPH.
De nombreuses solutions ou techniques proposées par l’OA , l’AE et l’AIC ont été consolidées avec des savoirs scientifiques. Pour renforcer cette dynamique de promotion et de mise à l’échelle del’AE, de l’OA et l’AIC , l’Alliance pour l’Agroécologie en Afrique de l’Ouest (3AO) et le West African Organic Network (WAfrONet), proposent de mutualiser leurs stratégies d’action, leurs efforts et leurs ressources.
Cela se traduit cette année 2024 par un engagement à organiser ensemble un forum régional de l’AE, de l’AB et de l’AIC en Afrique de l’Ouest. Cette initiative est soutenue par la CEDEAO (projets AIC, FVC Readiness, le PAE), de l’ONG ActionAid du Nigeria et autres partenaires au développement.
Prenant bien la mesure des enjeux de l’AE, de l’AB et de l’AIC pour le développement de systèmes alimentaires durables et la souveraineté alimentaire, les institutions régionales (CEDEAO,
UEMOA, CILSS), et leurs pays membres, impulsent de plus en plus, des stratégies, des instruments et mesures de politiques visant l’intensification et le renforcement prenant en compte les principes de l’AE et de l’OA et de l’AIC.
Au niveau de la CEDEAO, le PAE (programme agro écologie), l’ECOWAP et la stratégie régionale climat s’inscrivent dans cette perspective.
De nombreuses institutions de financement régionales et nationales (BIDC, BOAD, BAD, Banque Agricole du Sénégal, etc.) ont également lancé des mécanismes visant à financer des initiatives des EF et des communautés à la base pour l’adaptation et l’atténuation face aux changements climatiques.
L’agenda 2063 de l’UA (Union Africaine) à travers l’aspiration 1 (« une Afrique prospère portée par une croissance inclusive et le développement durable ») prend en compte la problématique de l’agro écologie, qui s’annonce comme une directive pour ses interventions dans le secteur ASPH et celles des Etats membres. Au niveau global, de nombreuses initiatives et des engagements sont pris, visant à développer ou renforcer des mécanismes de financement de la résilience climatique, de la SAN, du développement de systèmes alimentaires durables, de la gestion durable de la biodiversité, qui touchent l’AE, l’OA et de l’AIC. L’UE et de nombreuses coopérations bilatérales contribuent à ces mécanismes.
L’impact de l’OA, de l’AE et l’AIC atteindra difficilement l’envergure nécessaire permettant de relever les défis actuels du secteur ASPH si les flux financiers de soutien à leur mise à l’échelle restent aussi faibles. Au regard de ces enjeux critiques du financement de la mise à l’échelle de l’AE, de l’OA et de l’AIC, 3AO et WAfrONet ont opté de placé le forum régional de l’AE, de l’Oet de l’AIC qu’ils organisent ensemble sous la thématique globale : « Financer la transformation des systèmes alimentaires et nutritionnels durables pour la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest à travers l’agriculture biologique et l’agro écologie : quels politiques, mécanismes et instruments? ».
L’organisation du Forum durant quatre jours du 21 au 24 Octobre 2024 en format hybride (participation en présentiel et en ligne) verra la participation environ de 400 participants comprenant des représentants(tes) des réseaux d’OP, d’OSC et structures membres de 3AO et de WAfrONet ; des institutions techniques et d’intégration régionale et continentale ; des institutions de financement nationale, régionales et internationales ; des coopérations bilatérales et multilatérales ; des institutions nationales et régionales de recherche , des ONG et AgriAgences nationales, régionales et internationales. trouve dès lors toute sa pertinence et vise à contribuer au développement de systèmes alimentaires durables pour la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest, à travers la mise en œuvre de politiques et interventions publiques valorisant véritablement les solutions structurelles apportées par les Pratiques Agricoles Résilientes( PAR) aux moyens de l’AE (l’Agro Ecologie) , l’OA( Agriculture Biologique) et l’AIC (Agriculture Intelligente face au Climat.
Le forum placé sous la présidence du Président en exercice de la commission de la CEDEAO , sera ainsi un cadre multi acteurs pour faire une analyse approfondie des opportunités et des défis du financement de l’AE, de l’AB et de l’AIC pour la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest.
Il s’agira aussi, de formuler des recommandations à l’égard des décideurs politiques et des partenaires au développement pour accroître les politiques et stratégies prenant en compte l’AE, l’AB, l’AIC et le financement de leur mise à l’échelle.
Il permettra entre autre aux acteurs de l’AE, de l’OA et de l’AIC non seulement de renouveler leurs engagements à travailler aux côtés des institutions régionales, des structures publiques nationales et des collectivités locales pour soutenir la mise à l’échelle de l’OA, l’AE et l’AIC pour la réalisation de la souveraineté alimentaire dans la région mais aussi d’admettre tout l’intérêt du Forum .
Ce forum permettra de définir des orientations stratégiques pour dynamiser les cadres institutionnels et organisationnels des acteurs de l’agroécologie, de l’agriculture biologique, de l’agriculture intelligente face au climat et pour le renouvellement des plans pluri annuels de 3AO et WAfrONet mais aussi analyser des mécanismes de financement (dynamiques, défis et perspectives) et partager des résultats de recherche sur le financement, visant la mise à l’échelle de l’AE de l’OA et de l’AIC en Afrique de l’Ouest pour la souveraineté alimentaire et échanger sur les trajectoires des politiques et stratégies publiques de soutien à l’AE, à l’AB et à l’AIC organiser un espace de dialogue politique avec les autorités des institutions régionales (CEDEAO, UEMOA, CILSS, CORAF, etc.) et procéder au lancement de la plateforme numérique de gestion de connaissances de 3AO.
Somme toute pour ce Forum C’est le lancement officielle et la connaissance de La plateforme numérique de gestion de connaissances de 3AO
La formulation d’orientations stratégiques visant à dynamiser les cadres institutionnels et organisationnels de 3AO, de WAfrONet et le renouvellement de leurs plans pluriannuels
L’analyse des dynamiques, défis et perspectives des mécanismes de financement de la mise à l’échelle de l’AE, de l’OA et de l’AIC en Afrique de l’Ouest pour la souveraineté alimentaire et la formulation de propositions pour l’amélioration de leur efficacité ;
La connaissance des défis et perspectives des politiques et stratégies publiques de soutien à l’AE, à l’OA et à l’AIC par les acteurs de l’AE, de l’OA et de l’AIC ;
L’adoption des engagements et des perspectives par les décideurs politiques des institutions régionales (CEDEAO, UEMOA, CILSS, CORAF…) pour une meilleure prise en compte de l’AE, de l’OA et de l’AIC dans les politiques et stratégies régionales en plus d’ une plus forte collaboration avec les réseaux d’OP, d’OSC et du secteur privé ;
La connaissance des défis et perspectives des politiques et stratégies publiques de soutien à l’AE, à l’OA et à l’AIC par les acteurs de l’AE, de l’OA et de l’AIC ;
L’adoption d’ engagements et des perspectives par les décideurs politiques des institutions régionales (CEDEAO, UEMOA, CILSS, CORAF…) pour une meilleure prise en compte de l’AE, de l’OA et de l’AIC dans les politiques et stratégies régionales et une plus forte collaboration avec les réseaux d’OP, d’OSC et du secteur privé conformément à la vision du Président du ROPPA Ibrahima Coulibaly qui avertissait que “l’agroécologie n’est pas une option, c’est un devoir politique. Nous devons faire en sorte que les paysans puissent vivre de l’agroécologie, et qu’elle devienne la solution pour éviter que les jeunes ruraux affluent dans les villes, aillent mourir en mer, ou s’épuisent dans les mines.”
Les enjeux sont considérables en Afrique de l’Ouest, où l’agriculture emploie 65% de la population, où 36 millions de personnes continuent à souffrir de la faim, et où la production régionale ne parvient pas à répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels d’une population qui dépasse aujourd’hui les 371 millions de personnes, et qui devrait plus que doubler d’ici 2050.