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L’Afrique est l’une des régions les plus exposées aux effets du changement climatique, et les coûts de ce dernier peuvent être considérables. L’Afrique subsaharienne connaît déjà des conditions météorologiques erratiques et devrait être confrontée à des événements climatiques plus extrêmes. Le secteur agricole, qui a contribué à hauteur de 17 % au PIB en 2022 et emploie plus de 50 % de la main-d’œuvre de l’Afrique subsaharienne, est particulièrement vulnérable. À son tour, le secteur affecte la croissance économique. L’impact d’une sécheresse sur la croissance à moyen terme dans la région est environ huit fois plus élevé que dans les pays en développement d’autres régions. Dans le même temps, le niveau d’inclusion financière des petits exploitants agricoles reste faible malgré la disponibilité de produits au niveau microéconomique et les efforts nationaux visant à approfondir l’inclusion financière, notamment l’utilisation de services de paiement, l’épargne et l’accès au crédit et à l’assurance. Plus de la moitié des adultes ruraux dans 57 pays en développement n’ont toujours pas de compte de transaction ; en outre, seuls 3 % des 48 millions de petits exploitants agricoles en Afrique sont assurés (Findex, 2021).

Conformément à l’éthique du nouveau Pacte de connaissances pour l’action de la Banque mondiale, le Programme de financement et d’assurance des risques de catastrophe (DRFIP) de la Banque mondiale a organisé en mars de cette année un programme d’échange de connaissances sur le financement des risques de catastrophe (DRF) pour l’agriculture et les moyens de subsistance résilients au climat.

L’atelier de quatre jours s’appuyait sur une série de webinaires de formation et de renforcement des capacités systématiques qui s’est déroulée à partir de juin 2023 et a abouti à la réunion de plus de 30 hauts fonctionnaires techniques du gouvernement et représentants du secteur privé de dix pays, à savoir l’Eswatini, le Kenya, le Lesotho, la Namibie, le Rwanda, la Somalie, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe. L’atelier visait à approfondir les connaissances sur le DRF pour les moyens de subsistance agricoles et à cultiver la collaboration régionale entre les praticiens, les homologues techniques et les décideurs politiques d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe.

Construire un avenir plus résilient pour le secteur agricole de l’Afrique subsaharienne et ses moyens de subsistance nécessite une approche à plusieurs volets. Le partage des connaissances sur le financement des risques de catastrophe pour l’agriculture est un outil puissant, et le récent atelier a fourni des informations précieuses sur la manière d’en tirer le meilleur parti. Ce programme de formation régional illustre comment les connaissances régionales peuvent avoir un impact grâce au financement du développement, au dialogue politique et au renforcement des capacités.

Malgré la diversité des expériences des pays participants, trois points clés ont été soulignés : (i) le rôle crucial des partenariats public-privé (PPP) a été souligné pour renforcer la résilience des ménages et des entreprises agricoles, (ii) des systèmes de données efficaces et des analyses solides pour une prise de décision éclairée ont été un thème récurrent, et (iii) les participants ont hautement apprécié l’échange de connaissances régionales et la collaboration entre les pays.

i. Les partenariats public-privé sont essentiels pour accélérer la mise en œuvre

Les PPP peuvent combiner les ressources publiques avec l’expertise du secteur privé, comblant ainsi le déficit de financement et débloquant des solutions innovantes qu’ils ne pourraient pas réaliser les uns sans les autres. Pour souligner cela, l’atelier a invité divers représentants des secteurs privé et public afin que les participants puissent découvrir ce potentiel de première main. La preuve de la puissance d’un PPP solide est l’expérience du Kenya qui a permis à plus de 1,8 million d’agriculteurs, dont 42 % sont des femmes, de souscrire une assurance récolte et d’étendre la couverture d’assurance bétail indicielle à près de 110 000 ménages (59 % de femmes titulaires de police) en moins de deux ans. Le secteur public investit dans la collecte et la gestion des données, la sensibilisation des agriculteurs et fournit des subventions aux primes tandis que le secteur privé développe et commercialise des produits, notamment en les regroupant avec du crédit et des intrants. De même, dans le cadre du PPP en Ouganda, un consortium d’assurance agricole composé de 13 assureurs liés à l’agrotechnologie, à la fintech et aux acheteurs a permis d’étendre la couverture à plus de 370 000 agriculteurs, contre un projet pilote de seulement 5 000 agriculteurs en 2016. Au Rwanda, un programme d’assurance contre la mortalité du bétail utilise une technologie de pointe pour étendre l’assurance du bétail, notamment un système de micropuce basé sur le cloud pour l’identification unique du bétail. Parallèlement, le programme de soutien aux intrants agricoles de la Zambie, qui regroupe l’assurance et le crédit d’intrants pour améliorer la productivité, a atteint plus d’un million d’agriculteurs depuis son lancement en 2017 et a versé plus de 7,3 millions de dollars US de paiements à plus de 500 000 agriculteurs entre 2020 et 2022.

ii. Des systèmes de données plus solides sont nécessaires pour favoriser une prise de décision éclairée en matière de risques

L’importance des données a été un thème récurrent, les participants soulignant leur rôle essentiel dans l’augmentation de la disponibilité des données sur la production agricole. L’initiative 50 x 2030 soutenue par la Banque mondiale aide les pays à combler ce déficit de données. Cela est essentiel pour permettre la protection financière des producteurs par le biais de programmes d’assurance agricole dans toute la région. Les sessions visaient à aller au-delà de la simple collecte de données, pour souligner l’importance de l’analyse du financement des risques de catastrophe. Cela comprenait la formulation des problèmes et les exigences de collecte de données pour estimer les impacts budgétaires. Les participants ont hautement apprécié l’utilisation pratique de l’approche de l’optimisation des ressources (OAR) de la Banque mondiale, qui a été testée et affinée dans des projets à l’échelle mondiale pendant plus d’une décennie. Cela aide les clients à comparer différentes combinaisons de produits et à permettre en fin de compte une allocation efficace des ressources publiques limitées. Comme le montre l’analyse de l’OAR ci-dessous, une stratégie qui combine l’utilisation d’un fonds de réserve, un financement conditionnel et une assurance (stratégie B) est en moyenne plus rentable (3 millions USD moins chère) que le recours exclusif à un fonds de réserve (stratégie de base). Les économies sont presque décuplées (30 millions USD) pour les catastrophes plus graves. 

iii. Le pouvoir de l’apprentissage partagé et de la collaboration régionale pour étendre les solutions.

Comme l’ont souligné les participants lors de l’atelier, la collaboration internationale est essentielle pour renforcer la résilience des moyens de subsistance des populations de l’Afrique subsaharienne. La connaissance ne connaît pas de frontières, et permettre aux nations d’apprendre des expériences et des contextes des autres peut contribuer à étendre les solutions. En outre, en nouant des relations au cours de ces ateliers, les pays posent les bases d’une collaboration à long terme, favorisant à terme des solutions durables qui peuvent renforcer la résilience de leurs secteurs agricoles et les moyens de subsistance qu’ils soutiennent. Les participants ont apprécié le caractère régional du projet DRIVE , qui a mis en place une plateforme d’infrastructures partagées pour les services d’assurance et financiers qui peuvent être utilisées par les pays intéressés et les partenaires de développement pour étendre les solutions de protection financière aux éleveurs vulnérables au climat.

Pour rappel le Forum sur la protection financière est géré par le Programme de financement et d’assurance des risques de catastrophe (DRFIP). Initiative conjointe du pôle Finance et marchés du Groupe de la Banque mondiale et de la Facilité mondiale pour la réduction des risques de catastrophe et le relèvement (GFDRR), le DRFIP est un partenaire de premier plan des pays en développement qui cherchent à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies globales de protection financière. Depuis sa création en 2010, le DRFIP a déployé des efforts considérables pour améliorer la résilience financière des gouvernements, des entreprises et des ménages face aux catastrophes naturelles.

Babacar Sene Journal Agropasteur/babaclimat(source le Programme de financement et d’assurance des risques de catastrophe (DRFIP))

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