
L’organisation de la Journée Mondiale du Lait, tenue ce samedi 28 juin 2025 à Richard Toll, a tourné court, minée par d’importants dysfonctionnements logistiques. Ce qui devait être une célébration et une plateforme d’échange autour de la filière laitière s’est transformé en un échec manifeste, suscitant frustration et colère parmi les acteurs du secteur.Le constat est unanime : des pratiques anciennes, opaques et décriées, ont refait surface au sein de la Direction des Industries Animales (DIA), relevant du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Élevage. Ces pratiques, qui avaient pourtant justifié de profonds changements dans cette structure, semblent persister sous d’autres formes, compromettant toute initiative de relance crédible du secteur.Malgré l’espoir suscité par l’arrivée d’une nouvelle équipe à la tête de la DIA, la situation reste préoccupante. De nombreux acteurs de la filière ont exprimé leur indignation, allant jusqu’à envisager un boycott de la manifestation, évité de justesse grâce à des négociations en coulisses. Les producteurs locaux, tout comme certains responsables du secteur, dénoncent un manque total d’implication dans l’organisation de l’événement, pourtant censé les concerner au premier chef.L’hébergement, la restauration, la logistique, la mobilisation des ressources et même l’implication du Comité national d’organisation ont été largement insuffisants. Quant au « nerf de la guerre », les financements, ils ont brillé par leur absence. Résultat : plusieurs acteurs sont repartis déçus, avec le sentiment amer d’avoir été instrumentalisés.Sous l’impulsion du ministre de l’Agriculture, cette Journée Mondiale devait être un moment fort de sensibilisation, de dialogue et de valorisation de la filière lait. Mais sur le terrain, c’est une autre réalité qui s’est imposée : celle de dépenses de prestige déconnectées des véritables urgences du secteur.Les professionnels dénoncent avec véhémence une gestion élitiste et une tentative de récupération institutionnelle d’un événement qui aurait dû être au service des producteurs, des transformateurs et des acteurs locaux. Il est dès lors incompréhensible, selon eux, de réduire cette journée à une simple opération de confort pour les agents de la DIA ou du ministère.La question du sabotage est désormais sur toutes les lèvres. Les responsabilités devront être clairement situées. Car derrière cet échec se profilent des manœuvres politiques : certains anciens responsables, encore influents, continueraient d’œuvrer en coulisses pour freiner les dynamiques de rupture et de réforme enclenchées par la nouvelle équipe.À la DIA, il est temps de tourner définitivement la page des polémiques stériles et d’accompagner la transformation du secteur de l’élevage. Un secteur stratégique pour le Sénégal, dont les services doivent être au service des véritables priorités des acteurs de terrain.Comme le dit si bien un dicton local : « Ronganiou Badolo, Dotoul Simé Tiérey Bour » — Que les larmes des paysans ne servent plus d’assaisonnement à la sauce des nantis.Babacar SèneSpécialiste Veille Médias – Agriculture, Monde Rural et Environnement