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Trente ans après la Déclaration de Beijing, la promesse d’un accès égal à la santé pour les femmes et les filles reste inachevée. À l’occasion d’un événement parallèle à la 78e Assemblée mondiale de la santé (WHA78), organisé par le Centre pour la diplomatie et l’inclusion en santé (CeHDI), des expertes et des Experts ont dénoncé le recul global des droits en matière de santé, en particulier ceux des femmes, des filles et des populations marginalisées.En réalité c’est véritablement un impératif que la Couverture sanitaire universelle soit une urgence de justice de genre et de droits humainsNazneen Damji, d’ONU Femmes, rappelle que la couverture sanitaire universelle (CSU) ne peut être qualifiée d’universelle si elle ignore les obstacles structurels que rencontrent les femmes : sous-financement des services de santé sexuelle et reproductive, accès restreint à la contraception, à l’avortement sécurisé, ou encore aux traitements contre le VIH. Ces enjeux relèvent, selon elle, non pas d’un manque de moyens mais d’une crise de volonté politique.Le Dr Tlaleng Mofokeng, rapporteure spéciale de l’ONU, insiste sur l’approche fondée sur les droits humains : la CSU doit viser à corriger les inégalités et à garantir la dignité de toutes et tous. Mais dans un monde marqué par les crises — conflits armés, changements climatiques, montée de l’autoritarisme —, les droits à la santé sont gravement menacés.Les femmes et les minorités sont les plus touchées : violences sexistes, refus de soins, stigmatisation, racisme médical, inégalités dans les salaires et accès différencié aux soins sont largement documentés. Le Dr Harjyot Khosa (IPPF) dénonce un système de santé basé sur des normes patriarcales qui exclut les personnes LGBTQI+, les travailleuses du sexe ou les femmes non mariées.Dans certains contextes, comme en République dominicaine, le refus de soins aux femmes immigrées à cause de barrières linguistiques ou du manque de papiers conduit à des situations de non-accès médical vital. Même dans les pays dotés de mécanismes de couverture, l’accès reste un privilège, souligne Eliezer Lappots-Abreu.La CSU doit être pensée en termes de soins et non seulement de couverture, soutient Baba Aye (Internationale des Services Publics). L’insuffisance du personnel de santé, la criminalisation de l’avortement et l’absence de prise en compte des genres dans les politiques de santé sapent l’objectif « santé pour tous ».Enfin, les témoignages poignants de terrain rappellent l’urgence : au Soudan du Sud, les violences sexuelles massives à l’encontre des femmes et des filles, la marginalisation des personnes vivant avec le VIH ou en situation de handicap, ou encore la persécution des personnes LGBTQI+ en Afghanistan, comme le cas de Parwen Hussaini, révèlent combien les droits à la santé et à la sécurité sont en péril pour des milliers d’individus.En conclusion si la CSU veut tenir sa promesse, elle doit intégrer de façon transversale l’égalité de genre, les droits humains et la justice sociale. Cela implique de reconstruire les systèmes de santé en impliquant les communautés marginalisées, en garantissant leur sécurité et leur dignité, et en rompant avec les normes discriminatoires qui les excluent aujourd’hui encore.Babacar Sene Journal Agropasteur

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