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Trente ans après l’adoption de la Déclaration de Beijing, la promesse d’un accès universel et égal à la santé pour les femmes et les filles reste, selon les expertes, largement inachevée. Réunis en marge de la 78ᵉ Assemblée mondiale de la santé (WHA78), des spécialistes de la santé et des droits humains ont tiré la sonnette d’alarme sur un recul inquiétant des droits, en particulier ceux des femmes, des filles et des populations marginalisées.Parmi les voix les plus engagées, celle de Nazneen Damji, cheffe par intérim de la Section Gouvernance et Participation d’ONU Femmes et conseillère principale en politiques sur l’égalité des sexes, le VIH et la santé. Forte de plus de 25 ans d’expérience dans la défense des droits des femmes, elle affirme sans détour : « La promesse faite à Beijing n’a toujours pas été tenue. »Une promesse trahie soutenue par Damji qui lors d’un événement organisé par le Centre pour la diplomatie et l’inclusion en santé (CeHDI), Mme Damji a rappelé que la Déclaration de Beijing représentait un engagement fort en faveur des droits, de la dignité et de la santé des femmes : « Alors que nous célébrons le 30ᵉ anniversaire de la Déclaration et de son Programme d’action, nous devons non seulement évaluer les progrès réalisés, mais surtout prendre la mesure du chemin qu’il reste à parcourir. »Elle a également souligné que « la couverture sanitaire universelle ne peut être réellement universelle si elle ne donne pas la priorité à l’égalité des sexes et aux droits humains ». Selon elle, les systèmes de santé actuels restent trop souvent sourds aux besoins spécifiques des femmes et des filles, ce qui les rend non seulement injustes, mais aussi inefficaces.Des reculs alarmants estime-t-elle qui ont marqué ces derniers mois par des coupes budgétaires, des pressions politiques et des atteintes directes aux droits en matière de santé sexuelle et reproductive. « Il ne s’agit pas uniquement de contraintes budgétaires, mais d’un manque criant de volonté politique. Soyons clairs : les droits sexuels et reproductifs ne sont pas optionnels, ce sont des droits humains fondamentaux », a-t-elle déclaré.Un chiffre édifiant illustre la réalité : seules 56 % des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans peuvent prendre des décisions concernant leur propre santé reproductive. « Ce chiffre n’est pas une simple statistique, c’est le reflet d’inégalités structurelles et de normes sociales nocives qui empêchent les femmes de contrôler leur corps », a-t-elle ajouté.Les conséquences de cette inaction sont tragiques : toutes les deux minutes, une femme meurt de causes évitables liées à la grossesse. En 2023, plus de 700 femmes sont mortes chaque jour de complications qui auraient pu être évitées grâce à des soins de santé accessibles et de qualité.Les adolescentes et jeunes femmes, notamment en Afrique subsaharienne, continuent de payer un lourd tribut face au VIH. Dans au moins 22 pays de la région, elles sont trois fois plus susceptibles de contracter le virus que leurs homologues masculins.Discrimination persistante révélée par le récent « Rapport mondial sur les déterminants sociaux de l’équité en santé » qui confirme que la discrimination fondée sur le genre reste l’un des principaux obstacles à l’accès aux soins. « Même lorsque les frais de santé sont supprimés, les femmes – surtout celles issues de milieux pauvres, migrantes ou appartenant à des minorités – évitent les services de santé en raison des abus, des discriminations et des mauvais traitements », déplore Nazneen Damji.Un impératif mondial qui fait appel à l’ONU Femmes et ses partenaires, pour que l’égalité en matière de santé ne puisse plus attendre. L’appel est lancé aux gouvernements, aux bailleurs de fonds et à l’ensemble de la communauté internationale : tenir enfin la promesse de Beijing et garantir aux femmes et aux filles l’accès aux soins dans la dignité et le respect de leurs droits.Babacar Sene Journal Agropasteur

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